Cadillac Allanté, histoire d'une aberration industrielle et d'un fiasco commercial

Le président de Cadillac Johan de Nysschen n'est pas du genre à craindre le passé de la marque, il veut commercialiser des turbo-diesels aux USA, après une première expérience débutée il y a en gros 35 ans qui a tourné à la catastrophe, et davantage d'autonomie vis-à-vis de GM. Sur ce point, le symbole tout trouvé s'appelle Cadillac Allanté, une aberration industrielle et un fiasco commercial.

En 1986, Cadillac lance ce cabriolet deux places (avec une capote et un toit rigide en aluminium escamotable) dont les deux cibles désignées s'appellent Mercedes SL et Jaguar XJS. Pour aider l'Américain à mieux coller aux désirs de la clientèle européenne, l'idée de conquérir ce continent ne date pas d'hier, un partenariat est noué avec Pininfarina. Ce n'est pas la première fois que les deux entreprises collaborent, un précédent existe avec la 1959-1960 Eldorado Brougham. Pour cette auto, GM envoyait les châssis à Turin, Pininfarina assemblait le reste à la main et réexpédiait le tout aux USA où était assuré le travail de finition. Problèmes, la voiture coûtait trois fois le prix d'une Eldorado standard et sa qualité était très médiocre. Conséquence directe, les clients partent en courant et à peine 200 exemplaires trouvent preneurs.
Malgré cet échec, il est convenu que Pininfarina assure le design mais aussi la fabrication de la carrosserie et la pose de la peinture de l'Allanté. Comme nous l'avons vu avec l'Eldorado Brougham, ceci n'est pas gratuit mais comme rien n'est trop beau :
- La plateforme, il s'agit d'une traction, fait appel de nombreux composants spécifiques même si la base est celle de l'Eldorado V8.
- GM utilise 3 Boeing 747 modifiés pour acheminer la carrosserie de Turin à Détroit où le cabriolet finit d'être assemblé (châssis, moteur, réservoir, jantes, etc...).
L'Italie et les USA ne sont pas réputés à l'époque pour leur grand soin apporté en matière de finition, Pininfarina découvre que la capote fuit et grince au moment du lancement de l'Allanté à l'automne 1986. Il suggère à GM de retarder sa commercialisation pour régler le problème mais ce dernier refuse. Pas de chance, la météo s'en mêle et il n'est pas rare que les premiers propriétaires se retrouvent arrosés en cas de forte averse. Cette affaire va coûter des dizaines de milliers de dollars à Cadillac et ruiner la réputaion de l'Allanté qui souffre en prime d'autres pépins comme un ABS ou un système audio Bose dont le fonctionnement est erratique.
Il convient également de souligner que les caractéristiques techniques de l'Italo-Américaine ne font pas au départ rêver, le 4,1 litres V8 ne développe que 170 chevaux, il est couplé à une BVA4, et boucle le 0-60 mph en 9,8 secondes, loin des temps d'un dragster. Pour le millésime 1989, ce moteur est boosté à 204 chevaux (et sa cylindrée à 4,5 litres) avant de céder sa place en 1992 au 4,5 litres Northstar à 32 soupapes qui affiche 285 chevaux.
La Cadillac Allanté est-elle juste une vaste blague ? Ce serait cruel de faire ce résumé, son comportement routier est jugé bon (un contrôle de traction est monté avec le Northstar), l'équipement est somptueux (cuir, instrumentation LCD) mais surtout, les derniers millésimes sont performants, héritent d'une suspension électronique, d'un freinage amélioré, d'une multitude de détails repensés, sans oublier les problèmes de fiabilité résolus.
Cadillac a produit 21 430 Allanté, sa cote en occasion débute autour de 8 000 dollars, un exemplaire en bel état ayant roulé moins de 40 000 miles ou 65 000 km est coté en dessous de 20 K$, soit 1/3 des 60 K$ qu'elle réclamait en neuf.

Via Motoring Research

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